dimanche 28 février 2021

GOLIAT DANS LA COUR DE L’IMAGINAIRE

 


Chaque année, les éditeurs spécialisés « Imaginaire » lancent dans le grand bain de nouveaux auteurs. Pour les autres, soit ils gardent leurs manuscrits ; soit ils éditent leurs ouvrages à compte d’auteur. Prenant tous les risques, financiers en premier lieu. A eux d’assurer les postes de mise en pages, maquette, imprimerie, publicité et service après-vente. Auprès de leurs connaissances bien souvent. C’est ainsi que sur un des stands de la 25ème Heure du Livre du Mans est apparu l’auteur sarthois GOLIAT (de son vrai nom LARGEAU Antoine) et son roman « 301 ».



Motivé, il a réussi son pari de vendre ses 500 exemplaires, et par la même occasion attiré l’attention d’une maison d’édition pour son deuxième roman « O » ; aux EDITIONS DES ENFERS. Cet éditeur qui, aujourd’hui, propose une nouvelle édition remaquettée de « 301 ».



RESUME

« Imaginez votre corps faire une pause. "La grande vague" a détruit notre planète. 301 orphelins formés par l’élite du gouvernement américain, ont pu fuir à bord du vaisseau spatial le Phoenix. Cette communauté a été bâtit afin de pouvoir recréer le berceau de l’humanité sur une autre étoile. Par chance une exoplanète située à cinq années-lumière a été découverte par les plus brillants scientifiques de la terre. À quelques heures de son arrivée, le Phoenix percute une pluie de nano-météorites et s’échoue sur Eva. L’exoplanète est déjà peuplée par une communauté originaire de la terre qui a fui secrètement avant la grande vague. Dans une cité technologiquement plus avancée, Pegaze est le premier des 301 à sortir de son coma artificiel. »



Le héros , car il en faut un, se prénomme donc Pegaze… C’est lui qui va nous introduire dans les arcanes de la société installée d’Eva. Sans qu’il sache exactement qu’il est le seul ramené à la vie des 301. La gouvernance de la planète repose sur une répartition familiale des pouvoirs politiques, avec à sa tête La Gouvernante, femme fatale, qui emmène Pegaze dans des fêtes décadentes où tous les invités de l’aristocratie sont désinhibés. De véritables bacchanales orgiaques. Accompagnées d’une drogue très particulière !

Après un shoot mémorable, le retour à la lucidité et la prise de conscience de la véritable nature de la classe dirigeante montrent que tout ne va pas si bien dans ce nouveau monde. Victime d’un enlèvement audacieux et spectaculaire, Pegaze va faire l’apprentissage de la face sombre d’Eva et se rapprocher d’une rébellion en cours ! C’est la dernière partie de ce roman.

Modeste avis :

Malgré une rédaction resserrée de l’intrigue (à peine 160 pages), le lecteur se laisse happer par l’histoire contée.

En chapitres courts introduits par des citations de chansons d’artistes de rock notamment celle de la chanson « HURT » de Trent Reznor reprise magnifiquement par Johnny Cash et que l’on peut entendre dans la BO de « Logan » ; la construction « géométrique » de chacun d’eux se fait en sous-chapitres compacts. Loin de gêner la lecture, ils s’imbriquent les uns aux autres pour conter la prise de conscience de Pegaze. Manipulations politiques des gouvernants à son endroit ; populations exploitées réduites au rang d’esclaves.



Un premier roman est souvent une compilation des centres d’intérêt de l’auteur. « 301 » n’y déroge pas : rock, comics, science-fiction façon space-opera à la Jack Vance. Passé le côté « déjà vu » on s’attache au style, à l’originalité de l’écriture de GOLIAT. Il est généreux ! Tout en se montrant pudique parfois quand certaines situations amorcent un aspect scabreux. Non que l’on attende un érotisme exacerbé mais GOLIAT coupe court et laisse le lecteur à son imagination.

Foin de remarques superflues, « 301 » vaut largement une quantité de romans édités plus « sérieusement ».



Je lui dis « Bon vent ! » pour la suite, « O » ; et je dis à son auteur « bienvenue » parmi les bonnes surprises des nouvelles plumes de l’Imaginaire pour 2020/2021, même si le titre « 301 » fut initialement sorti en 2018 de la façon que l’on sait….

Merci Antoine, pour ta confiance en me confiant tes deux romans. "O" est sa chronique prochainement dans les CHRONIQUES D'ARRAKIS !




 

 


jeudi 4 février 2021

BOUDICCA, UNE VERITE REVELEE PAR JEAN LAURENT DEL SOCORRO

 




Titre : BOUDICCA

Auteur : Jean Laurent DEL SOCORRO

Jean Laurent Del Socorro


Editeur : ACTUSF

Date :  2017,  réédition du présent ouvrage, octobre 2020

Pagination : 300 pages

Prix : 20, 00 €

Récompenses : Prix Imaginales 2018 des bibliothèques

La première édition chez ActuSF

Edition en poche chez "J'Ai Lu"



4ème de couverture : « Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ?
À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.


Après Royaume de vent et de colères, premier roman très remarqué qui a reçu le prix Elbakin.net 2015, Jean-Laurent Del Socorro fait son retour avec une héroïne symbole d’insoumission...
« Il n’y a pas de honte à renoncer car seuls les dieux ne connaissent pas la peur. Je ne vous jugerai pas. Je vous pose simplement la question : serez-vous, aujourd’hui, à mes côtés ? »

 

Dans les brumes de l’Histoire de l’Humanité, le curieux, historien ou non, s’aventure avec prudence. La parole cède la place à l’écrit, qui lui-même s’efface au profit de la légende !



L’écrivain, lui, n’hésite pas à percer la brume avec sa plume, un chemin malaisé, surtout lorsque la période historique s’avère éloignée de la mémoire des Hommes. Alors, la vérité cède la place à l’imagination. C’est ainsi qu’un auteur latin rapporte : « Boadicée, montée sur un char, ayant devant elle ses deux filles, parcourant l’une après l’autre ces nations rassemblées, en protestant que, tout accoutumés qu’étaient les Bretons à marcher à l’ennemi conduits par leurs reines, elle ne venait pas, fière de ses nobles dieux, réclamer son royaume et ses richesses ; elle venait ; comme une simple femme, venger sa liberté ravie.

Qu’on réfléchit avec elle au nombre des combattants et aux causes de la guerre, on verrait qu’il fallait vaincre en ce lieu ou y périr. Femme, c’était là sa résolution ; les hommes pouvaient choisir la vie et l’esclavage. » Tacitus

 

Londres, statue de Boadicea Boudicca Reine des Iceni


Statue représentant Tacitus

                      Boudicca. Une vie courte mais riche d’un engagement où une femme pouvait, par sa volonté de justice, mener un peuple Breton, les Icènes, à affronter et vaincre des légions romaines… Reine elle le fut, qui parle de sa naissance : « … Nos guerriers scandent alors la victoire – Boudicca en notre langue. Quand je libère enfin mon premier cri, ma mère est déjà morte.

Ainsi je suis née Boudicca, fille d’Antedios et des deux Antraste, reine des Icènes… ».

 

Racontée à la première personne, Boudicca elle-même, l’odyssée guerrière de cette héroïne celte est mêlée à la légende de ce peuple vivant sur le territoire du sud de la Grande-Bretagne actuelle (notamment le Suffolk et le Norfolk). A travers les traditions et les rites menés par les druides, personnages puissants, qui perpétuent les usages et la connaissance des dieux Celtes.

Jean Laurent Del Socorro, le conteur, par sa plume, entraîne le lecteur dans une contrée où s’affrontent 2 conceptions de société : la romaine, masculine, avec la force militaire de ses légions, sa culture et ses dieux ; la société celte où la femme s’avère sur le même pied d’égalité que les hommes (même lors des batailles). Où une humiliation va entraîner une guerre sans merci ! D'une réalité historique parfaitement étayée, Jean Laurent Del Soccoro glisse imperceptiblement vers la légende, les légendes entourant ce personnage fort dont ne reste que des vestiges de mémoires hérités du passé. Une femme qui conserve encore aujourd'hui une aura de liberté !



La reconstitution historique devient un livre d’images à nul autre pareil, qui offre l’occasion d’explorer plus avant, pour le curieux, cette partie de l’Histoire grâce à une bibliographie assez complète. Ouvrages d’art sur la culture celte, mais aussi historiques.

Le « roman » s’accompagne de 2 textes, courtes extensions, à la fois sur la partie légendaire de la vie de Boudicca et sur une autre révolte, plus proche de nous.

Vous aimerez la nouvelle édition 2020 du roman de Jean Laurent Del Soccoro qui rejoindra un autre de ses romans, plus récent, mais tout aussi historique, « Je suis la fille de rage », qui parcourt l’intégralité de la guerre de Sécession. A sa façon, mais toujours en sauvegardant l’aspect historique.

 


Plongez dans l’histoire de Boudicca, qui vous fera réfléchir à l’occasion, sur une société qui fut appelé par l’envahisseur, « Barbare » !


Une nouveauté