jeudi 21 avril 2022

LOIN DE LA LUMIERE DES CIEUX, QUI VOUS ENTENDRA HURLER DANS L'ESPACE ?

 


LOIN DE LA LUMIERE DES CIEUX– 2021 (Far from the light of heaven)

Couverture de l'édition originale

Auteur : Tade THOMPSON


Tade Thompson est un psychologue et écrivain britannique d'origine nigériane, auteur de science-fiction, de fantasy et d'horreur.

Né de parents yorubas, il a grandi au Nigeria. Sa famille a quitté le Royaume-Uni en 1976. Il a fait des études de médecine et d'anthropologie sociale et culturelle puis s'est spécialisé en psychiatrie. Il est retourné au Royaume-Uni en 1998.

Tade Thompson vit désormais dans le sud de l’Angleterre, où il exerce la profession de psychiatre.

En 2015, il publie son premier roman, "Making Wolf" qui obtient la même année le Kitschies Golden Tentacle Award.

Il est l’auteur de quatre romans et d’une vingtaine de nouvelles et novellas qui lui ont valu des prix d’importance dont deux fois le Nommo Award: en 2017 pour "Rosewater" (2016) et en 2018 pour "Les meurtres de Molly Southbourne" ("The Murders of Molly Southbourne", 2017).

Traduction : Michel PAGEL


Michel Pagel est un écrivain français.

Il est connu sous les pseudonymes suivants : Félix Chapel, Mike Nofrost, Terence Corman (collectif), Don A. Seabury (collectif), Luc Belladonnal (collectif) et Pierre-Alexis Orloff.

Depuis sa première nouvelle, parue en 1977 dans le fanzine "Espace-Temps", il a touché avec un égal bonheur à des genres aussi différents que la science-fiction: "Le Casino perdu" (1998), "L'Équilibre des paradoxes" (1999, Prix Rosny aîné, 2000 et Prix Julia-Verlanger, 2000), "La Taverne de l'espoir" (1984), la fantasy: "Les Flammes de la nuit" (1985-1987), "Les Immortels" (2006) et, surtout, le fantastique dont il est en France le maître incontesté.

"L'Œuvre du diable", dernier volume de son opus majeur, "La Comédie inhumaine" (5 tomes), est paru en 2004.

Son uchronie consacrée au roi de France Philippe Auguste ("Le Roi d'aout", 2002) a remporté en 2003 le Grand prix de l'imaginaire du meilleur roman francophone. Depuis, il s'essaye de temps en temps à ce genre particulier, notamment avec "Le dernier des Francs" (2012).

Auteur de la série "Panthéra" (2008-2018), sous le pseudonyme de Pierre-Alexis Orloff, Michel Pagel a renoué avec ses amours pour la littérature populaire, tout en conservant une inspiration proche de son cycle fantastique de "La Comédie inhumaine".

Il est également traducteur de nombreux ouvrages anglo-saxons: une partie de son œuvre distinguée en 2000, avec le Grand Prix de l'Imaginaire attribué à ses traductions de Joe Haldeman et Graham Joyce.

Editeur : J’AI LU


– Collection « Nouveaux Millénaires »

Sortie librairie mars 2022

316 pages, 20,00 €

 

Résumé de l’éditeur :

« Le Ragtime emporte à travers l’espace un millier de colons endormis à destination de Sang-Dragon, à plusieurs années-lumière de la Terre. Quand la commandante Campion se réveille, rien ne se passe comme prévu : l’IA qui pilote le vaisseau est défectueuse, et trente et un de ses passagers gisent, démembrés, hors de leur caisson de stase. Pourtant, la jeune femme est seule sur le vaisseau.
En réponse à son message de détresse, les autorités de Sang-Dragon envoient deux agents sur place, Rasheed Fin et son assistant artificiel, Salvo. Mais leur enquête tourne court quand le Ragtime commence à s’en prendre physiquement à eux… »

Lecteur d’Imaginaire depuis longtemps, au cours d’une discussion avec mon libraire, je me plaignais de trouver de moins en moins de romans de science-fiction en rayon. Si ce n’est des rééditions régulières de classiques du genre comme celle de « 2001, l’Odyssée de l’Espace » de Arthur C. CLARKE (également chez J’AI LU ce mois-ci) dans une nouvelle traduction de Gilles GOULLET.


Si vous êtes comme moi, précipitez-vous sur le tout nouveau roman de Tade THOMPSON « Loin de la lumière des cieux ». L’auteur de la trilogie ROSE WATER, ou les novellas autour du personnage de Molly SOUTHBOURNE.

Aux éditions J'ai Lu !

Aux éditions du Bélial



Enfin de la science-fiction, de la vraie (?). Espace, vaisseau spatial avec en prime une intrigue criminelle en lieu clos phobique. Là encore une Intelligence artificielle qui déraille, des corps démembrés, une commandante en panique. « … S.O.S., S.O.S…. Je me retrouve face à un gros problème. Pertes humaines multiples… ». Extrait !

Ce n’est pas l’enquêteur et son assistant artificiel androïde, envoyés par Sang-Dragon (but du voyage entrepris depuis la Terre), qui va la rassurer. Tout tourne à la catastrophe dans le vaisseau géant. Attaques de bots, plantes qui se développent de manière anarchique et agressive, irruption de créatures improbables… Jusqu’à l’arrivée en navette spatiale de l’oncle de la commandante en compagnie d’une entité extraterrestre de la race des Lambres dotée d’étonnants pouvoirs dont un haut potentiel torride… Pourquoi s’invite-t-il dans cette « galère ». Tout cela en apesanteur totale !

L’enquête s’oriente vers la présence d’un magnat à la fortune colossale fuyant un divorce embarrassant. Mais pourquoi figure-t-il parmi les victimes ?

Le roman est découpé en chapitres parfois courts, dédiés à chaque protagoniste. Tade THOMPSON utilise les codes classiques du genre pour mieux les « pulvériser ». On avait cru l’espace silencieux ; là, ça crie, ça hurle. Qui peut alors les entendre ? Surtout que l’air en vient à manquer et que le vaisseau géant semble capable de s’écraser sur Sang-Dragon. Les passagers n’ont aucun moyen de maîtriser la situation alors que l’impensable rôde dans les coursives.

Le texte est nerveux, les frissons du texte tiennent le lecteur en apnée, des relents claustrophobiques agitent son esprit ! L'auteur arrive même à glisser une allusion à l'Afrique et à une de ses tribus, lieu où se déroulait l'intrigue de "Rose Water" !

J’ai vraiment pris un grand plaisir à lire ce très bon roman. Un véritable « page-turner ». Qui réjouira les afficionados du genre et pourrait attirer un lectorat moins sensible à la science-fiction. Grâce à la maîtrise de l’auteur qui nous prouve encore qu’il est un très bon représentant des littératures de l’imaginaire !

"... Un examen de plus près révèle des piquants sur les tentacules. Malgré cela, Shell en empoigne un, prend appui des deux pieds sur la paroi du vaisseau et tire. Rien ne bouge,. Après avoir suivi l'un  des longs membres jusqu'au point le plus éloigné de Joké, le plus proche du mur, elle arme son pistolet et appuie sur la détente. Le tentacule se rompt et du liquide jaillit, forme un nuage aérosol - une substance d'un noir d'encre qui obscurcit la vue et fait Dieu sait quoi d'autre...." " - Extrait  

"Tade Thompson, lauréat du prix Arthur C. Clarke, fait un retour triomphal à la science-fiction avec cette vision inoubliable de l'avenir de l'humanité dans le vide glacial de l'espace."

Un titre de 2020 à venir dans une traduction française ?



                                            

lundi 11 avril 2022

RETOUR DANS L'EGYPTE UCHRONIQUE DE DJELI CLARK POUR CE MAITRE DES DJINNS

 


MAÎTRE DES DJINNS – (A Master of Djinn) 2021

Auteur : P. Djèli CLARK


Né en 1971 à New York, P. Djèlí Clark a passé la majeure partie de sa jeunesse à Houston, Texas. Mais c’est à Trinité-et-Tobago, le pays d’origine de ses parents, qu’il a vécu ses toutes premières années. Quand il n’écrit pas de la fiction, il est historien et chercheur en étude comparée de l’esclavage et de l’émancipation dans le monde atlantique.

Traduction : Mathilde MONTIER

Illustration de couverture : Stephan MARTINIERE

Editeur : L’ATALANTE – Collection « LA DENTELLE DU CYGNE »

Février 2022

468 pages

 

Résumé de l’éditeur :

«Le Caire, 1912. Vêtue d’un complet trois pièces – un ensemble blanc du plus bel effet sur sa peau cuivrée –, Fatma lisse sa cravate couleur d’or en veillant à exhiber les boutons de manchette scintillant aux poignets de sa chemise bleu nuit. Puis elle pose son chapeau melon sur sa courte crinière bouclée.

Oui, Fatma el-Sha’arawi est une redoutable sapeuse. C’est aussi une énergique et compétente enquêtrice du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Et la voici en charge de l’assassinat collectif de la Fraternité d’al-Jahiz par un inconnu qui se prétend… al-Jahiz lui-même, le puissant mystique qui a ouvert la porte de l’Égypte à la magie et aux djinns cinquante ans plus tôt.
Imposture ? Ça ne fait aucun doute pour Fatma. Mais encore faut-il identifier et traquer ce mystérieux terroriste que des pouvoirs inouïs rendent, semble-t-il, invulnérable. Une enquête à tiroirs à l’issue de quoi on dirait bien que notre héroïne devra encore sauver le monde.

Avec Maître des Djinns, Phenderson Djèlí Clark signe son premier roman et nous entraîne au cœur d’une Égypte uchronique flamboyante. »

 

 

Fatma El-Sha’Araw par Mar Ch, un artiste polonais...



Le lecteur avait connaissance du personnage Fatma El-Sha’Arawi, agente spéciale du ministère égyptien de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles au cours de la nouvelle « L’étrange affaire du Djinn du Caire ». Une dandie enquêtrice !  






Introduisant ainsi un pays, une Egypte alternative, où les créatures issues des légendes arabes, les Djinns, s’installaient dans la société du pays avec us et coutumes. Grâce à un personnage mythique, al-Jahiz qui avait déchiré le voile entre les deux mondes.



« L’Egypte, joyau mystérieux de l’Orient, terre des pharaons, des légendaires Mamelouk et de mille et une merveilles… L’Egypte siégeait parmi les grandes puissances et le Caire distançait à grand train Londres, voire Paris… »

C’est dans ce fourmillement familier que Djèli CLARK délecte son lecteur de moult détails technologiques décalés, des petites échoppes, des traditions anciennes dont celles liées aux dieux du panthéon égyptien tout en restant arabe dans les pratiques religieuses. Une occasion pour lui d’approfondir le cadre d’une Egypte uchronique du début du XXème siècle tout en élargissant le cadre géographique aux pays de l’Europe. Où les créatures imaginaires liées à nos folklores propres (faeys, gobelins…) ont fait irruption dans notre réalité.

Le roman, un format inédit pour l’auteur jusqu’à présent, lui donne l’occasion d’approfondir le caractère et l’entourage de Fatma. Vis-à-vis, des institutions officielles et politiques, de ses relations avec sa hiérarchie et ses collègues (et notamment cette jeune et prometteuse Hadia qui fait ombrage à ses méthodes d’investigations) ; il y a aussi ses relations avec son garde du corps et du cœur qu’est Siti. La belle indépendante se heurte avec la très haute société mais aussi ses bas-fonds. Ses certitudes vacillant face à un personnage énigmatique et légendaire revenu du monde des limbes (al-Jahiz). Mais que cache le masque dont il s’affuble, quelle est son projet improbable ; est-il réel, ou s’agit-il d’un imposteur ? Mais comment se comporter, se confronter à lui, alors qu’il maîtrise toutes les magies les plus puissantes et se fait obéir des créatures magiques elles-mêmes ! « L’al Jahiz que j’ai étudié était un précepteur, dit Fatma. Un penseur, un inventeur, un homme de bien, de vérité et de justice. Un philosophe qui parlait de liberté. Que Dieu m’en soit témoin, dans aucune de mes lectures on ne l’a qualifié de meurtrier… » Extrait.

A toi lecteur de t’aventurer avec délices, humour aussi, dans la quête, dans l’enquête de Fatma. Excellente occasion de relire les deux précédents textes introduisant ces univers magiques. 

Avec un clin d’œil à la musique jazzy Nouvelle-Orléans !

Mathilde MONTIER, la traductrice, a su rendre la fluidité du récit. Démontrant que l’auteur est aussi à l’aise dans le roman que dans la nouvelle. Il lui permet d’apporter une richesse d’imaginaire supplémentaire qui ne nuit pas le moins du monde à l’intrigue, la renforce. En résumé, une très belle surprise, agréable pour le lecteur accro à ce type de littérature.

Une mention particulière à l’illustrateur de couverture, Stephan MARTINIERE, avec son interprétation du décor du ministère de l’Alchimie… A signaler que la présente édition du roman se présente sous une forme brochée mais aussi sous couverture cartonnées. Une bonne idée de cadeau à l’occasion.

Et un grand merci à Julien GUERRY pour l’envoi de cette dernière édition !  

"Clark explore habilement le colonialisme et l'histoire du Caire avec un cadre immersif qui agit comme un autre personnage dans cette délicieuse combinaison de mystère, de fantaisie et de romance. Donnez ceci aux passionnés d'histoire alternatifs et aux lecteurs mystérieux qui apprécient une dose de magie."Booklist, Starred Review 

"A Master of Djinn est tout ce que vous pouvez attendre de Clark : une action cinématographique, une réinvention radicale de l'histoire réelle et de la magie à chaque page.." Hugo Award winner Alix E. Harrow