lundi 31 mai 2021

CANTIQUE POUR LES ETOILES, UN PREMIER ROMAN A LIRE ABSOLUMENT !

 

Illustration de couverture de Paul LYCETT 



CANTIQUE POUR LES ETOILES (THE VANISHED BIRDS) – 2020

Auteur : Simon JIMENEZ

Traducteur : Benoît DOMIS

Editeur : J’AI LU collection NOUVEAUX MILLENAIRES-Grand format

Sortie le 2 Juin 2021

480 pages, 22 €

Simon JIMENEZ


"TQ: Décrivez "les oiseaux disparus" en utilisant seulement 5 mots.

 Simon JIMENEZ : "Temps perdu et amour retrouvé."

Résumé : «L’humanité a quitté la Terre, devenue inhabitable, voilà mille ans. Elle vit aujourd’hui dans d’immenses stations spatiales, conçues et gérées par des multinationales, et se déplace entre les étoiles par la Poche, une contraction de l’espace et du temps. Quelques semaines dans la Poche se traduisent par des années, voire des décennies en temps réel, condamnant ceux qui y transitent à une vie de solitude. C’est le cas de Nia Imani, capitaine d’un cargo assurant la liaison entre Umbai-V et la station Pélican. Il emprunte la Poche, un raccourci temporel. Un jour, une capsule d’origine inconnue s’écrase à la surface d’Umbai-V. À son bord, un enfant, indemne mais muet, que Nia accepte de ramener aux autorités compétentes. Au fil de leur voyage, et malgré le silence, un lien très fort se tisse entre la femme et le garçon. Pourtant, le mystère demeure : qui est-il ? D’où vient-il ? Ne risque-t-elle pas de commettre une terrible erreur en le livrant à ses employeurs ? »

 


En « Terre inconnue »

Lorsque l’on est familier d’un ou plusieurs auteurs d’Imaginaire, le lecteur s’attache à retrouver la même construction du roman, de la novella ! L’arrivée dans cette catégorie, d’un nouvel écrivain, demande un temps d’adaptation. « Trouver ses marques » dans le texte. Mais avec Simon JIMENEZ vous risquez d’être bousculé, désorienté même, par la façon dont il a élaboré les différents chapitres de « CANTIQUE POUR LES ETOILES ».

Début du 1er chapitre  :

"Il était né avec un onzième doigt. Une nodosité à coté de son auriculaire droit. Le docteur s'empressa  de rassurer les parents inquiets. La petite bosse était bénigne . "Toutefois, ajouta-t-il en délaçant une pochette en tissu, un fermier n'a  besoin que de dix doigts pour cultiver la dhuba"... 

Ainsi le premier chapitre, long, est empreint de lyrisme, presque bucolique, pour décrire la tribu de Kaeda, de la planète Umbai-V. Une structure agraire simple avec une douceur de vivre certaine. Les chants résonnent souvent surtout au retour des champs. Entre chasse et culture du dhuba. Une récolte emmenée vers la station Pélican, tous les… 15 ans. L’arrivée du vaisseau majestueux comme un oiseau est l’occasion d’une fête d’une nuit avec l’équipage à la tête duquel règne Nia Imani. Une personne solitaire, qui semble ne jamais vieillir. Elle rencontre Kaeda enfant, adulte, vieillissant. Une tendre relation éphémère à chaque Expédition. Avec un cadeau la première fois, une flûte.

Mais un jour, le bruit d’un choc énorme. Dans l’excavation un enfant est trouvé, quasi nu, muet. Recueilli, il est pris en charge par Kaeda au sein de la tribu. En définitive, il sera confié à Nia, pour le ramener vers Pélican.

« J’ai composé le premier chapitre du livre presque comme une courte fiction. » Simon JIMENEZ

 Le deuxième chapitre rejoint le space opéra. Il décrit les tentatives de communication entre elle et l’enfant mutique. Ses relations avec les différents membres d’équipage. Et la musique de la flûte, entêtante ! Sans oublier les tentatives de mettre en forme des haïkus

La Flûte d'Ara

Bon marché, joue faux

Mais joue toujours.

Le troisième chapitre est un formidable bond dans le temps. Vers les origines de la grande catastrophe sur la Terre. Il s’articule autour du personnage de Fumiko Nakajima. Celle qui va imaginer et élaborer les immenses structures des stations spatiales qui vont emmener une infime partie des populations terrestres. Des stations créées avec des structures proches de l’anatomie des oiseaux. Dont le fameux Pélican. Il y a surtout sa rencontre sentimentale avec Dana. Délaissée au profit de son travail pour une immense multinationale. Mais qu’elle ne peut oublier. Toutefois Fumiko a vue l’impensable, l’inimaginable. Et pour attendre un nouveau signe de ce phénomène, elle est régulièrement cryogénisée. Ce garçon pourrait-il être celui qu’elle attend depuis un bon millénaire ?

Entre les trois protagonistes vont se créer des liens qui s’entrecroisent tout au long du roman. Entre bonheur, amour, solitude, complotisme et folie !

Simon JIMENEZ définit ainsi cette histoire : « Les histoires dont je suis tombé amoureux concernaient toujours des personnages perdus, mais qui trouvaient l'amour et la sécurité dans les bras de personnes qui étaient au début des inconnus mais qui sont ensuite devenues beaucoup plus proches, car ils avaient une influence active sur l'amour qu'ils partageaient.          

« The Vanished Birds » est façonné comme une série de récits individuels qui se fondent en un tout satisfaisant. Au cœur de tout cela se trouve Nia Imani, une femme qui existe en dehors du temps en raison de voyages fréquents dans l'espace « pliant ».

Moi, lecteur je me suis laissé entraîner dans ces relations de plus en plus complexes autour du pouvoir, de la manipulation ! Chacun cherche un sens à sa vie à travers des sacrifices, des dissimulations. Et j’allais oublier, l’importance de la musique dans l’intrigue…

De Simon JIMENEZ, j’attends maintenant de nouveaux textes pour essayer de mieux appréhender ses sensibilités, ses conceptions littéraires.

« CANTIQUE POUR LES ETOILES » mérite une lecture attentive et bienveillante car l’imagination déployée tout au long du roman, quoique déroutante, devrait fasciner et faire entrer cet ouvrage dans votre bibliothèque, à la place « Incontournable ».


mardi 18 mai 2021

LES CHRONIQUES D'ARRAKIS VOUS RECOMMANDE "LES DOSSIERS DU VOILE" D'ADRIEN TOMAS

 




Quel plaisir d’éprouver une jubilation puérile et coupable pour un roman destiné à un public jeune (12 ans). Et pourtant, j’ai dévoré « LES DOSSIERS DU VOILE » d’Adrien TOMAS.

Résumé : « Les maisons sorcières sont au bord de l'explosion, la guerre de la nuit fait rage plus violemment que jamais et les trolls et les fées sont bien partis pour transformer les bas-fonds de paris en champ de bataille… »

BIENVENUE DANS LE MONDE DU VOILE !

Lieutenant de police au sein de la Brigade de régulation des espèces méta-humaines de Paris, Tia Morcese a beaucoup de mal à faire respecter l'ordre et la sécurité… et surtout à éviter que druides, nécromanciens, loups-garous et autres espèces méta-humaines révèlent leur existence au reste du monde.

À côté de son impressionnante grande sœur, Mona pourrait presque passer pour une ado normale. Pourtant, l'apprentie sorcière est loin d'avoir les yeux dans sa poche ! Et quand elle tombe sur des informations-clés qui pourraient faire avancer les affaires en cours de Tia, elle n'hésite pas une seconde à suivre ses propres pistes. Mais le monde du Voile n'est pas sans danger… ».

Nous, mortels, vivons vraiment à proximité des pires créatures sorties de nos légendes. Mais elles sont vraies. Pourtant la guerre des clans couve à cause de meurtres particulièrement horribles. Un magicien, un nécromant. Or, les deux clans se détestent.

L’enquête est confiée à une mystérieuse brigade ; la Brigade de Régulation des espèces méta-humaines de Paris. Elle est dirigée par le capitaine Isidore TREJEAN, l’inspectrice Tia MORCESE et le docteur Charles THORET.

Tia est une ex méta-humaine (le personnage apparaissait déjà dans deux nouvelles de l’auteur) ; elle appartient à la famille MORCESE dont la mère est la garante de la paix entre clans.

Extrait : « Tia avait coupé les ponts avec la magie un peu plus de dix ans auparavant, à la veille de dix-sept ans. Elle y avait longuement réfléchi, et avait finalement réalisé qu’elle ne parvenait plus à tolérer la pression… Tia mit près d’un an à créer le motif parfait. Puis, nuit après nuit, elle fit secrètement tatouer l’immense dessin sur tout son corps. L’enchantement qu’elle avait créé était aussi puissant que complexe et devait servir à l’immuniser contre toute magie, qu’elle provienne de l’extérieur ou de l’intérieur... ».

 

Justement, Elena MORCESE, la mère,  doit quitter de toute urgence Paris. Elle confie toute la famille à sa fille Tia ! Mais sa sœur Mona n’est pas une ado pour rien ; caractère bien trempé, esprit d’individualisme. Elle va, malgré elle, se trouver face à une rencontre qui peut la mettre en danger !

Durant ce temps, Tia doit mener son enquête mais tout ne va pas comme elle voudrait. Surtout que de nouveaux incidents montent les clans entre eux : lycans contre vampires, magiciens contre nécromant, fées contre trolls…

Le Voile, frontière intangible entre les deux mondes est prêt à se déchirer. Qui tire les ficelles de ces guerres ?

Rythmé, avec une bonne dose d’humour, des personnages bien campés, Adrien TOMAS met en scène toutes ces luttes au nez et à la barbe des humains, dans un Paris si familier !

Extrait : « … La forêt de Fontainebleau était, pour la communauté du Voile, un endroit tabou, où le sang et les malédictions avaient profondément marqué la terre. Jadis repaire des maléfiques sorcières de la Rose des Cendres, puis siège du gouvernement en exil du Cercle des fées pendant la Commune, le bois était désormais l’un des principaux bastions des loups-garous… ».

Tout cela sur fond de magouilles, de trafics en tout genre. La poussière de fée est une drogue dure ; la clinique célèbre est tenue par des vampires : les boîtes de nuit appartiennent aux trolls !

Ah ! J’allais oublier le dragon chinois, banquier de tout ce petit monde !

Jubilatoire vous dis-je ! A mettre entre toutes les mains, de 7 à 97 ans ; pour se faire du bien. Si vous voulez connaitre un peu mieux Adrien TOMAS, procurez-vous rapidement le prix des Imaginales d’Epinal des Bibliothécaires 2021 (roman destiné à un public plus adulte) !

 




Courte biographie de l’auteur : 

Nationalité : France
                    Né(e) à : Soissons , le 04/03/1986

Adrien TOMAS est un auteur de fantasy.

Il a été éleveur d’anémones, chasseur de tortues, cuisinier dans un restaurant de flammekuches avant de se consacrer à l'écriture.

Ses auteurs de référence sont J.R.R. Tolkien, David Gemmell, Orson Scott Card ou David Eddings. Il assume être un geek : il est rôliste, fan de séries télévisées, de jeu vidéo et d’informatique.




Son premier roman "La Geste du sixième royaume" a obtenu le prix Imaginales 2012. Il a ensuite écrit "La Maison des mages" (2013) qui se déroule après "La Geste" et un western fantastique intitulé "Notre-Dame des Loups" (2014), avant de revenir dans le passé de la Geste avec "Le Chant des épines: Le Royaume Rêvé" (2016).

Adrien Tomas est lauréat du prix Babelio Jeunesse 2019 pour "Engrenages et sortilèges" (Éditions Rageot). (Babelio)

L'une des dernières sorties en librairie d'Adrien TOMAS




vendredi 14 mai 2021

LES HOMMES DÉNATURÉS SE DÉVORE DANS LES CHRONIQUES D'ARRAKIS

 

 


Si je suis revenu à lire des ouvrages de littératures Imaginaires, je le dois, entre autres, au recueil de nouvelles « Danses aériennes » de Nancy KRESS.



J’y ai trouvé un ton, une originalité dans l’écriture et un univers riches ; sans être ennuyeux.

Cette réédition « Les Hommes dénaturés », me conforte dans cette analyse.



Merci aux éditions ACTUSF de m’avoir permis de lire ce roman  assez court (moins de 300 pages) ! Mais qui interroge sur un avenir plausible. On y retrouve ses thèmes récurrents : les manipulations génétiques, la danse aussi….

 

4ème de couverture :

 « 2030. La fertilité a chuté dangereusement. La vieillesse est devenue la norme, et les jeunes de précieuses ressources nationales.

Dans ce nouveau contexte mondial, la descendance devient une obsession.

                                           Shana, orpheline, voit ses rêves d’intégrer l’armée voler en éclats lorsqu’elle entrevoit ce qu’elle n’aurait pas dû. Lancée dans une quête acharnée pour retrouver sa place, elle croise la route de Cameron, danseur de ballet qui n’a eu d’autre alternative que d’effacer délibérément sa mémoire. Ils trouveront secours auprès du scientifique Nick Clementi, qui craint d’avoir mis le doigt sur une grande conspiration.

                                Commence alors pour chacun d’entre eux un combat pour rétablir la vérité.

                             Jusqu’où est-on prêt à aller lorsque les enfants manquent à l’humanité ? »

 

"Nancy Kress est une autrice de science-fiction américaine. Sa novella la plus célèbre, L’une rêve, l’autre pas, a été récompensée de nombreux prix dont le Hugo et le Nebula. Avec Les Hommes dénaturés, elle affirme sa position de lanceuse d’alerte et nous invite à questionner notre réalité."

 

Une des éditions précédentes du roman. Ne vous fiez pas à cette image !

3 personnages, 3 destins, 3 points de vue, 3 caractères qui vont se croiser, à travers les chapitres qui reprennent leurs noms :

Shana WALDERS, la soldate appelée avec son unité sur un incendie spectaculaire. Encadrant un civil, elle est le témoin de ce qui échappe à sa compréhension. Parce qu’elle rapporte à sa supérieure ce qu’elle a vu, elle risque de voir son rêve d’intégrer l’armée compromis ;

Nick CLEMENTI, le scientifique vieillissant appelé par le Conseil Consultatif du Congrès pour apporter son avis d’expert au propos de Shana ;

Cameron ATULI, le danseur amnésique qui essaie de reconstituer sa mémoire disparue durant quelques jours. Heureusement, il a conservé toute sa technique chorégraphique lui permettant de rester au sein de sa compagnie. La danse, un art devenu désuet, qui pourrait disparaître !

Dans cette période troublée, où l’envie d’enfants, le renouvellement des générations, tous les 3 vont approcher une vérité choquante et dérangeante mais couvertes par les institutions en place. Elles vont tout faire pour étouffer ses révélations !

Extrait : « … L’un des scénarios concernait diverses façons de créer des animaux domestiques se prêtant à un anthropomorphisme encore plus poussé que celui dans lequel se complaisent en général les maîtres !... L’insémination artificielle ne réussissait que chez 18 % des couples désirant un enfant, à supposer qu’ils avaient les moyens de s’offrir la procédure. La fécondation in vitro, coûtait encore plus cher… »

Nancy KRESS voyage d’un personnage à l’autre, décortique leurs pensées, leurs manières d’agir, avec tendresse, par rapport à la dureté de ce monde. Chacun cherche une vérité, sa vérité.

« Les Hommes dénaturés » devient alors d’une lecture addictive ! Je me suis laissé prendre au jeu du « page turner » avec jubilation. Elle n’oublie pas de glisser aussi ses craintes quant à la dissolution de la société par l’argent, l’appât du gain de sociétés industrielles surfant sur des envies profondes et respectables des populations, le renouvellement des générations, les dangers de la pollution…

Je vous recommande vivement ce roman qui interroge sur les maux actuels de nos sociétés modernes, américaine principalement ici. Effrayant, déliquescent, quand on y pense !

Lisez, relisez, les autres ouvrages disponibles de Nancy KRESS chez ACTUSF.








mardi 11 mai 2021

J'AI LU AUGMENTE MON P.A.L.

 


                                 Un lecteur de l'Imaginaire sans livre, c'est un peu comme une boussole sans Nord ! Mais cent livres pour un lecteur, c'est perdre  sa tête sans boussole ; si on n'y prend pas garde ! Aussi, on a inventé le P.A.L. : Le Prêt à Lire. Ainsi, on le voit évoluer avec plus ou moins de régularité suivant ses capacités de lecture. A l'approche des vacances d'été, moment propice à enchaîner les ouvrages, on le voit se réduire. Et quand on croit l'avoir assez diminué, il se remplit de nouveau. Le grand cycle de la vie, quoi !

                                   Justement, les éditeurs de Littérature de l'Imaginaire mettent en place chez nos Libraires, le meilleur de leurs ouvrages. A preuve, chez J'AI LU (merci de la confiance de cette maison d'édition et à Marie), ces 3 romans qui viennent abonder mon P.A.L. :

 



"L’humanité a quitté la Terre, devenue inhabitable, voilà mille ans. Elle vit aujourd’hui dans d’immenses stations spatiales, conçues et gérées par des multinationales, et se déplace entre les étoiles par la Poche, une contraction de l’espace et du temps. Quelques semaines dans la Poche se traduisent par des années, voire des décennies en temps réel, condamnant ceux qui y transitent à une vie de solitude. C’est le cas de Nia Imani, capitaine d’un cargo assurant la liaison entre Umbai-V et la station Pélican. Un jour, une capsule d’origine inconnue s’écrase à la surface d’Umbai-V. À son bord, un enfant, indemne mais muet, que Nia accepte de ramener aux autorités compétentes. Au fil de leur voyage, et malgré le silence, un lien très fort se tisse entre la femme et le garçon. Pourtant, le mystère demeure : qui est-il ? D’où vient-il ? Ne risque-t-elle pas de commettre une terrible erreur en le livrant à ses employeurs ?"

  • Traduction (Anglais) : Benoît Domis



"Déterminée à sauver sa famille du naufrage financier, Miryem reprend avec succès l’activité de prêteur de son père, mais elle attire rapidement l’attention du roi des Staryk, une créature effroyable qui exige d’elle l’impossible. Wanda, fille de ferme miséreuse aux prises avec un père violent et alcoolique, lutte pour sa survie et celle de ses deux frères. Et quoiqu’elle vive dans les ors du château, Irina connaît un sort à peine plus enviable : son père, le duc, entend la marier sous peu à un homme connu pour son extrême cruauté. Trois femmes, trois destins mêlés dans le blizzard surnaturel d’un hiver qui menace de geler toute vie sur son passage."

  • Traduction (Anglais) : Thibaud Eliroff


"Un virus a éradiqué la quasi-totalité des animaux sur Terre. Pour pallier l’absence de bétail, une nouvelle espèce a été développée à partir du génome humain – des êtres en tout point semblables à nous, mais destinés aux abattoirs.
C’est pour l’un de ces établissements que travaille Marcos. Il supervise la chaîne de production, de l’élevage à la boucherie. Mais, chaque jour, sa tâche le dégoûte un peu plus, jusqu’à l’intolérable. Sa vie bascule quand, au mépris de la loi et de la morale, il sauve une femelle de la mort…"

  • Traduction (Espagnol) : Margot Nguyen Béraud





 

jeudi 6 mai 2021

AU CARREFOUR DES ETOILES, LE CLASSIQUE DE CLIFFORD D. SIMAK DANS MES CHRONIQUES D'ARRAKIS

 


AU CARREFOUR DES TOILES

(WAY STATION – 1963/prix HUGO 1964)

Auteur: Clifford D. SIMAK


Editeur : J’AI LU        Collection NOUVEAUX MILLENAIRES 

Traduction nouvelle de Pierre-Paul DURASTANTI

Illustration de couverture : AkuMimpi

Sortie : Avril 2021

Prix : 19 €

 

« …Ce que j'en vois défiler, des gens,
Du matin au soir dans la gare,
Où se qu'on dit qu'ils sont si bizarre:.. »

Extrait d’un poème de Camille FRANÇOIS « Fredo le Porteur »

 



                          Un vieux lecteur d’Imaginaire comme moi ne peut que se féliciter de retrouver des auteurs de l’âge d’or de la SF américaine : VANCE, VOGT, BRADBURY, HERBERT ou ANDERSON ! Aujourd’hui, je tiens entre mes mains le roman de Clifford D. SIMAK, auteur du classique « Demain les chiens » (que vous pouvez retrouver chez J'AI LU), entre autres. D'ailleurs, merci à cette maison d'édition pour m'avoir envoyé un exemplaire de cette nouvelle édition !

Courte biographie :

 « Clifford Donald Simak, fils d'un immigré tchèque, passe son enfance dans la ferme de son père.

Après ses études à l'Université du Wisconsin-Madison, il commence à travailler comme instituteur, toujours dans le Wisconsin. Il se marie avec Agnes Kuchenberg le 13 avril 1929 avec qui il aura deux enfants. Pour améliorer l'ordinaire de sa famille, il collabore à plusieurs journaux locaux et il envoie, en 1931, sa première nouvelle de science-fiction "Cubes of Ganymede", à "Amazing Stories"…La suite

 

La réédition de « Au Carrefour des Etoiles » s’accompagne d’une nouvelle traduction de Pierre-Paul DURASTANTI, après celle de Michel DEUTSCH. Le roman était sorti en France en 1964, en 2 parties dans la revue GALAXIE ; et réunies d’abord chez ALBIN MICHEL en 1968. Réédition chez J’AI LU en poche en 1970.

 Résumé :

« Au sommet d’une falaise escarpée du Wisconsin se dresse la ferme Wallace, inchangée depuis plus d’un siècle. D’aussi loin qu’on s’en souvienne, son propriétaire, Enoch Wallace, n’a lui non plus pas pris une ride. Et pour cause, la bâtisse, qui n’a de ferme que l’aspect, abrite en secret un relais spatial où le temps s’écoule différemment. Des voyageurs galactiques y transitent quotidiennement, passant parfois quelques heures en compagnie du gardien des lieux et le régalant de leurs incroyables histoires. Mais depuis deux ans, l’agent fédéral Claude Lewis enquête sur cette anomalie. Le jour où il se décide à passer à l’action, il déclenche sans le savoir une chaîne d’événements aux conséquences dramatiques. Car dans ce petit coin d’Amérique oublié par la modernité, c’est rien de moins que le sort de l’humanité qui se joue… »

 Ce qui frappe le lecteur dans cette nouvelle traduction c’est « la fraîcheur et la jeunesse » du texte, malgré son grand âge. Ecrit au moment de la Guerre Froide, on ressent un certain pessimisme, une angoisse de nouvelle guerre mondiale dans l’attitude d’Enoch Wallace, ancien soldat confédéré, traumatisé lors d’un épisode sanglant de la Guerre de Sécession.

 Comment est-il devenu le gardien de ce sanctuaire singulier ? Le hasard d’une rencontre d’un personnage énigmatique qui lui propose d’accueillir des voyageurs galactiques en transit dans la maison héritée de ses parents. A charge pour lui de les accueillir au mieux et d’assurer leur nouveau transfert vers leurs lieux de destination finale.

 En échange sa demeure, réaménagée en nouvelles technologies sophistiquées (bien avant le fameux télé transporteur de Star Trek-1966) et lui-même ne vieilliront plus Ainsi commence la nouvelle vie d’Enoch. Et cela depuis un siècle ! Il en a vu des gens bizarres venus d’une myriade de planètes à travers les galaxie, dont il note scrupuleusement les descriptions des races, leurs mœurs et coutumes, la langue, les écritures, et les cadeaux remis lors des escales.

 Toutefois, un homme qui ne semble pas vieillir, cela interroge, notamment l’agent gouvernemental Claude Lewis. Qui va mener son enquête en toute discrétion.

 Enoch n’a qu’un « moment de liberté », c’est lorsqu’il reçoit la visite de son ami, le facteur, Winslowe Grant. Outre quelques courses, il lui apporte une quantité impressionnante de revues de vulgarisation scientifique, des journaux auxquels Enoch est abonné depuis parfois très longtemps. Ainsi il peut suivre l’évolution de notre monde. Et il y a Lucy, la fille d’un des voisins ; la jeune Lucy, sourde et muette, mais aussi si énigmatique.

Cette vie bien réglée, va vaciller lors d’une initiative de Lewis. La quiétude du lieu et d’Enoch va se fissurer et pourrait bien changer notre monde…

Le roman met l’accent sur un art de vivre désuet certes mais rassurant. Proche de la nature et des gens ; souvenirs d’enfance de SIMAK ? On se retrouve presque dans une peinture de Norman ROCKWELL.


                     Le texte est une ode à un certain art de vivre qui tend à disparaître en ce début des années 1960. Même l’extraordinaire machine à voyager dans l’espace ne peut modifier l’ordre des choses. SIMAK a figé la maison et ses alentours dans une atmosphère bucolique. Une Amérique loin des villes. Enoch est un survivant bienveillant.

FRAICHEUR, vous dis-je avec cette nouvelle traduction de Pierre-Paul DURASTANTI ! Lui qui écrivait en son temps :

«Au carrefour des étoiles est un véritable chef d'œuvre, un roman qui transcende les limites du genre auquel il ressortit. Si l'on ne doit lire qu'un seul Simak (mais pourquoi ?), ce doit être celui-ci. Parce qu'il résume et englobe toute l'œuvre, jusque dans son ambiguïté, jusque dans sa douce amertume : à la fin, quand tout est résolu, l'auteur ne peut se contenter d'un banal happy end, si bien que le lecteur, gorgé de soleil automnal, referme le livre secoué par un de ces frissons qui annoncent la froidure de l'hiver.

     Tout l'art de Simak, tout son équilibre et toutes ses nuances résident dans le paradoxe de ce frisson sous le soleil. »

Première parution : 1/4/2001
dans Bifrost 22
 

Extrait : 

« …  La terre absorba sa nausée et la paix tomba sur lui – la paix des arbres, la paix de l’humus, la paix du silence de la nuit. Comme si le ciel, les étoiles, l’espace même se penchaient sur lui pour affirmer, dans un murmure, son harmonie avec eux. L’espace d’un instant, il lui sembla qu’il effleurait une vérité cruciale  qui lui apportait un réconfort et une grandeur dont il n’avait jamais connu l’équivalent… »

 

Et il y a Lucy !!! « Essaie de trouver la fille aux yeux pleins de soleil ».

Extrait de la chanson des Beatles « Lucy in the sky with diamonds » (1967)