vendredi 7 janvier 2022

OSEREZ-VOUS AFFRONTER LE WIDJIGO D'ESTELLE FAYE ?

 


WIDJIGO – (2021)

Autrice : Estelle FAYE


Actrice, scénariste et réalisatrice, Estelle Faye a écrit une dizaine de romans pour adultes et pour la jeunesse. Elle a reçu le Prix Elbakin et le Prix Imaginales pour Thya (La Voie des oracles, T1) ; le prix Elbakin pour Porcelaine ; les prix Bob Morane et Rosny Aîné pour son space opera Les Nuages de Magellan. Son court-métrage Tout ce qui grouille sous la mer a reçu pas moins de treize distinctions en festival.



Editeur : Editions ALBIN MICHEL, collectionImaginaire

Sortie : Septembre 2021

Illustration de couverture : Aurélien POLICE



Né en 1978, Aurélien Police est illustrateur indépendant et exerce dans divers domaines comme la réalisation de pochettes de disques, d’illustration d’articles de presse ou de couvertures de romans pour des éditeurs et des groupes internationaux ou encore l’illustration jeunesse. Il se sert de l’outil informatique comme d’un creuset pour y mêler toutes sortes de matières premières, brouillant les frontières entre différents média pour donner à ses images un rendu graphique qui lui est propre. Flirtant avec de nombreuses thématiques souvent associées au fantastique, au polar ou au merveilleux, il décline au travers de ses illustrations une vision toute personnelle de ces genres. Pour en savoir plus : http://www.aurelienpolice.com/

Prix : 17.90 €

256 pages

 

4ème de couverture : « En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres... »



 

… Un naufrage jette sur l’une des côtes escarpées de l’Île de Terre-Neuve un aéropage de personnages (dont le narrateur) qui s’unissent pour trouver un refuge dans un lieu sécurisé hypothétique sur la côte Est...



Si certains se connaissent, se rencontrant en Acadie anglaise, réunis pour monter une expédition afin de tenter des traces d’une expédition perdue sur l’île.

Il y a là, outre Justinien de Salers, un noble déchu venu de France, une coureuse des bois, Marie, dite la Voyageuse ; François, un trappeur ; le jeune Gabriel, seul rescapé de l’expédition perdue, mutique sur les circonstances du drame ; Veneur, le botaniste, lui aussi rescapé d’une expédition calamiteuse dans le Grand Nord.

Seuls rescapés également, un pasteur luthérien et sa fille ainsi qu’un marin britannique.

La traversée des paysages hostiles, glacés et humides, dangereux en raison de la faune locale, mais aussi les tribus autochtones ; tout cela exacerbent les antagonismes des personnalités de chacun.

Rapidement, une menace encore plus terrible, invisible, liée à des phénomènes surnaturels, décime de manière horrible les membres du groupe. Au-dessus, plane la menace du Wijdigo, autre nom du Wendigo.

A côté de l’aspect horrifique de la narration, Estelle FAYE tisse la trame historique de l’époque, de l’Acadie vendus aux anglais par la France avec   Terre-Neuve, un comptoir qui resta longtemps un site de pêche à la morue où se rendaient le Terre-Neuvas venus de métropole.

Il s’agit bien d’un roman aux ingrédients fantastiques des histoires horrifiques classiques (conditions climatiques extrêmes, nature hostile…). Conté au coin du feu, dans la quasi pénombre d’un château isolé, battu par les vents et la pluie au milieu de la marée montante.

La personnalité des protagonistes, trouble, inquiétante, s’illustre dans la construction du roman, avec ses chûtes dramatiques régulières de fin de chapitre. Certains trouveront le procédé répétitif, mais utile pour permettre la relance continuelle de l’intrigue et par là même, l’attention du lecteur, jusqu’au coup de théâtre final. Une manière habile de ne pas s’attacher trop à un personnage en particulier.

Avec cette créature venue du bestiaire fantastique indien d'Amérique du Nord, mais peu « utilisé » dans les romans (à part Graham MASTERTON peut-être), dans les bandes-dessinées où au cinéma.  





 

EXTRAIT : « Le monstre bondit dans la clairière. Justinien se figea, tétanisé. Du regard il engloba avec une terreur sans nom le grand corps aux membres distendus et difformes, l’estomac trop creux et les côtes si saillantes qu’elles semblaient prêtes à percer son épiderme rugueux, couleur de cendres. Deux doubles rangées de dents longues et acérées rendaient ses lèvres plus protubérantes et ses mains se terminaient par des ongles trop longs évoquant des griffes ou des serres. Ses narines démesurées palpitaient et se plissaient en cadence. Avec un grognement le monstre se détourna de lui et se jeta sur Veneur, lui déchira le visage d’un coup de griffes. Veneur hurla… »

 

Si vous aimez une intrigue bien menée, une reconstitution historique un peu oubliée, voilà un roman fantastique qui devrait vous ravir. Ou une atmosphère d’angoisse qui va crescendo, qui vous happe et ne vous lâche plus. Un « page turner » efficace. A lire autour d’un feu de bois qui s’éteint lentement, au milieu d’une forêt sombre, loin de tout civilisation…  Alors que s’éveille une tempête !






1 commentaire:

  1. faut pas que l'électricité lâche, dans les ténèbres avant la fin de quoi avoir très peur...

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