Couverture création Studio J'ai Lu |
Il
est toujours difficile d’expliquer pourquoi on aime un recueil de nouvelles tel
que celui-là !
Les
textes sont exigeants mais le lecteur jubile à leur lecture ; il se
« creuse les méninges » ; il les déguste comme une madeleine de
Ray Bradbury !
Le
plaisir va grandissant (11 nouvelles la plupart inédites, dont 2 au format
novella pour 580 pages) car j’ai lu l’ouvrage par nouvelle en opérant une pause
entre chaque texte d’une ou 2 journées. Et y revenir augmentait le plaisir. Car
chacune d’elles est un univers particulier ; l’unité venant de la qualité
de l’écriture de l’autrice et de la traduction de Pierre-Paul Durastanti et
Thomas Bauduret. Le choix des nouvelles devant être attribué aux infatigables
Ellen Herzfeld et Dominique Martel (à qui l’on doit déjà les 2 recueils de
nouvelles de Ken Liu dont le récent « Jardins de poussière » que je
chroniquerai prochainement, aux éditions du Bélial).
La
poésie du style s’attache à des thèmes familiers des littératures de
l’Imaginaire : l’objet extraterrestre mystérieux, le trou noir, les
modifications génétiques, les virus. Mais l’approche en est déroutante,
perturbant le lecteur par une réflexion autour des sentiments humains souvent
exacerbés.
11
nouvelles d’une autrice déjà expérimentées (ses premières œuvres datent de
1976). Je vous renvoie à l’article du site « Just a word » sous la
plume de Karine Gobled !
Nancy Kress en compagnie de l'astronaute Leland Melvin |
Pour
ma chronique, j’ai retenu la novella qui donne son titre au recueil, mais
orthographiée de façon légèrement différente « Danse aérienne ». Elle
date de 2014. Elle parle de la passion de Nancy Kress pour la danse. Ce
pourrait être une classique enquête policière mais l’irruption des
nanotechnologies (la science, les technologies, sont une marotte de notre
autrice) trouble le récit.
Les
performances physiques des danseurs améliorées, les modifications génétiques,
les bio améliorations animales nous projettent dans un monde du futur.
Mais
le respect de l’intégrité du corps des danseurs sans recours aux avancées
technologiques est un combat pour le directeur de l’American Ballet Theater
recherchant la pureté de la pratique de la danse sans artifice.
Jusqu’à
ce qu’une série de meurtres de danseuses amène la direction de l’A.B.T. à
protéger sa danseuse étoile avec un chien de garde, capable de réflexion et
possédant la faculté de parler. C’est d’ailleurs lui le narrateur du début de
la novella. Il a pour nom « Angel ».
Tandis
que l’on recherche le meurtrier, une journaliste est chargée de couvrir le
sujet mais aussi de ce qui a trait aux danseurs biophormés grâce à des
traitements venus d’Europe et notamment de France et interdits aux Etats-Unis.
C’est l’occasion de décrire les entraînements harassants, les répétitions des
danseurs pour intégrer ce fameux corps de ballet où les corps se cassent, se
brisent et les blessures devenant handicapantes pour la poursuite d’un rêve de
gloire parfois éphémère. On comprend que certains d’entre eux n’hésitent pas à
mettre leur vie en danger en ayant recours aux nanotechnologies. La faute aussi
à un public toujours plus avide de performances artistiques : des envolées
plus majestueuses, des bonds et des entrechats plus hauts. Des danses plus
aériennes !
Application des nanotechnologies extraite de la BD de SF "TRAVIS" de Fred Duval et Christophe Quet chez Delcourt |
Le
texte de Nancy Kress est à la fois un hommage à l’art de la danse classique
mais aussi une mise en garde de la compétition et des pratiques douteuses pour
être le ou la meilleur e au risque de mettre en danger l’intégrité physique et
mentale du danseur dans une société qui ne jure que par le jeunisme, l’excellence
et la performance.
« Danses
aériennes » est un recueil paru initialement aux éditions du Bélial et co
édité par Quarante-Deux ; l’édition de poche est parue chez « J’ai Lu »
en fin d’année 2019. Dommage que la partie bibliographique de l’édition
originale ait disparu du présent recueil. Pour 580 pages, il vous en coûtera en
poche le prix de 8, 90 €.
Edition originale aux éditions du Bélial, couverture d'Aurélien Police |
Je vous recommande une autre novella figurant dans ce recueil "Shiva dans l'ombre".
Extrait : « …. Il existait plusieurs formes d’améliorations biologique. Toutes étaient expérimentales, toutes illégales aux Etats-Unis et toutes ne cessaient de suivre le flux constant des nouvelles découvertes présentées sur les marchés d’Europe, d’Amérique du Sud et du Japon. C’était une science nouvelle, chaotique et controversée… Mais les danseurs européens avaient été soumis à des versions expérimentales, tout comme les Américains qui avaient pu se rendre à Berlin, Copenhague ou Rio pour avoir le rare – et coûteux – privilège de se voir injecter de minuscules « machines » biologiques aux effets hypothétiques. Certaines de ces nanomachines étaient programmées pour pister toute déviance dans l’organisme du porteur afin de la réparer… ».
Ouvrage paru dans l'excellente collection "Une Heure Lumière" |
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