LE
CERVEAU VERT (THE GREEN BRAIN)
Auteur :
Franck HERBERT
Traduction
de Jacqueline HUET (oui, oui, il s’agit bien de la speakerine des années 60/70
de la télévision française)
Editions
POCKET
Illustration
de Marc SIMONETTI
244
pages
Dans les années 60, l’écologie est une
vague notion en devenir… Les auteurs de SF commencent à s’interroger sur
l’observation de la nature et ses supposés dangers. Brian ALDISS crée un
univers végétal où les hommes ont réduit leur taille pour vivre dans des arbres
gigantesques, véritable HLM végétalisé mais à la merci d’une nature
prédatrice ! (Le Monde vert – 1962). Même thématique chez Murray LEINSTER
mais sur une autre planète (La Planète oubliée - 1954). Je vous signale
également le roman récent de Jean-Marc LIGNY (Alliances-2020).
Mais revenons au « Cerveau
Vert » de Franck HERBERT, plus connu pour son roman « DUNE » et
ses suites…
« Dans
un futur très proche, notre planète est désormais coupée en deux zones :
la Zone verte, où les humains ont dominé et asservi la nature, et la Zone rouge
qui reste à conquérir. C'est le cas de l'immense forêt du Mato Grosso au Brésil
que l'Organisation Écologique Internationale compte bien contrôler
définitivement. Grâce à des bombes chimiques mortelles et des armes utilisant
les vibrations, l'OEI élimine tous les insectes et nuisibles de la surface de
la Terre.
Mais cette fois, les
habitants de la zone rapportent d'étranges histoires : insectes mutants,
humains aux yeux étranges et au comportement inhabituel, disparitions... Une
équipe de l'OEI est envoyée en mission afin d'enquêter au cœur de la jungle. Et
ce qu'ils vont découvrir dépasse de loin l'idée qu'ils se faisaient d'une
Nature soumise... ».
4ème
de couverture
Ce qu’ignore l’Humanité c’est qu’une
entité « Le Cerveau », fédère une grande partie de la gent
« insectes » pour envoyer des simulacres, agglomérat d’insectes
divers pour tente d’infiltrer les hommes. Pas pour une invasion mais attirer
sur les dangers des manipulations et l’élimination des insectes. Ce qui
perturberait l’équilibre écologique de la planète.
« .. Et la question
fondamentale restait posée : comment une intégration suprême pouvait-elle
tolérer le désastre qui guettait désormais la planète entière ? ... ».
Extrait
Des sujets difficiles, ces humains….
Il faudrait pourtant les convaincre qu’ils ne sont que des esclaves de la
Planète !
C’est dans ce contexte que l’O.E.I.
tente d’éradiquer les insectes comme elle l’a fait en Chine, ici dans ce coin
de l’Amérique du Sud. Des équipes de mercenaires sont chargés de répandre les
poisons, en masse. Alors qu’elles sont en butte à des actions concertées de
défense des insectes, coordonnées par une entité, le Cerveau, bien caché dans
une caverne, et ignoré de l’homme !
« … La grotte s'ouvrait en surplomb des rochers
noirs et luisants d'un canon. Dans la grotte, des pensées traversaient par
intermittence un cerveau occupé à écouter la radio. Palpitant, pensant, le
cerveau reposait là dans un silence bienfaisant. C'était une masse nerveuse
d'environ quatre métrés de diamètre et cinquante centimètres d'épaisseur.
Conscience en éveil mais condamnée à la passivité, l'idée des nécessités qui le
retenaient-ainsi prisonnier de ce sanctuaire l'irritait profondément… Cette
pensée éloigna davantage le cerveau de ses propres créateurs. Il comprenait à
présent qu’il était le résultat d’un phénomène-de-mimétisme, un pur réflexe. Mais
le cerveau, cette chose-créé-par-réflexe, possédait un inévitable effet de
rétroaction qui ne pouvait manquer de modifier les réflexes mêmes qui l’avait
créé… ». Extraits
En bon auteur américain,
Frank Herbert a exercé bien des métiers ; journaliste, photographe
professionnel, cameraman de télévision et même professeur de l'art de survivre
dans la jungle. Ajoutons qu'un de ses « hobby », outre la géologie et
les religions comparées est la botanique de jungle, nous comprendrons pourquoi
cette action située dans le « sertac » brésilien en restitue la magie
végétale. (Jacques Van Herp-Noosfère).
Et
l’imagination du cerveau semble sans limite, à même de comprendre la nature
humaine, leur réaction et même la mort…
Si
vous décidez de plonger dans ce court roman, cette lutte quasi inégale,
entraînent le lecteur à laé suite de 3 personnages principaux :
- CHEN-LHU,
en charge de l’O.E.I.,
- TANJA,
une beauté utilisée par ce dernier pour charmer JOAO, un mercenaire.
Tous
les 3 vont entreprendre un chemin vers la connaissance écologique et se rendre
compte des erreurs commises jusqu’alors.
... Ce troisième roman de l'auteur contient en germe les thèmes que Herbert développera par la suite : l'écologie, qui pointe ici les mutations volontaires échappant à tout contrôle et les torts causés à la nature pour pouvoir ne conserver que les espèces jugées utiles. L'apparition du cerveau est à rapprocher du programme conscience de Destination : vide écrit durant la même période, la société des insectes annonce La Ruche d'Hellstrom, les manipulations de Chen Lhu rappellent celles du Bene Gesserit, de même que les références à la religion (« sans l'homme, Dieu ne pourrait pas exister ! »), la drogue ou les phéromones altérant la conscience, la recherche d'un équilibre assurant la survie de l'espèce renvoient à Dune et à des œuvres ultérieures déclinant ces thèmes récurrents. Les progrès de la conscience nouvellement née, naïvement traités, enlisent le récit et amoindrissent la portée des préoccupations connexes, de sorte que l'intrigue semble s'étirer, malgré la brièveté du roman. Qui reste remarquable par le potentiel créatif qu'il concentre.
Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/7/2011
dans Bifrost 63
Mise en ligne le : 8/2/2013
Le
roman « Le Cerveau Vert » est d’une lecture agréable, traduit une
première fois dans la défunte collection du MASQUE Science-Fiction. C’est à la
fois une histoire de science-fiction classique et de roman d’aventure sans
temps mort. L’auteur montre la complexité de l’analyse des situations par le
cerveau grâce à une mobilisation des différents modes de communication des
insectes, solidaires de cette entité hors norme.
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