dimanche 15 mars 2020

SKIN TRADE DANS LES CHRONIQUES D'ARRAKIS...




Dans le bestiaire du fantastique, on trouve tout type de morts-vivants, créatures éthérées, d’êtres issus des contes et légendes.

Et pourtant le lycanthrope ou loup-garou, en littérature, malgré ce que l’on peut lire par ailleurs, occupe une place plutôt en marge au contraire du cinéma ! Comme le « loup garou de Londres » signé John Landis.

En littérature, en tant que personnage principal, je ne vois que « L’Heure du Loup » - 1989 - de Robert MacCammon ou « L’Année du Loup-garou » de Stephen King et Bernie Whrightson – 1983.


Quelques autres appartiennent à la littérature bit-lit ou young adult comme les romans de la série « Alpha et Omega » de Patricia Briggs.

Comme le roman de King, « Skin Trade » ressemble à un exercice de style assumé. Ecrire une histoire lycanthropique, à la fois dans la tradition et en modernisant le mythe, en le plongeant dans un cadre gothique et décadent. C’était une gageure qui permettra à son auteur, Georges R.R. MARTIN (par ailleurs devenu célèbre avec la saga littéraire du « Trône de Fer ») de remporter le World Fantasy Award de l’époque, 1989.

Cette novella de 184 pages était parue dans l’anthologie « Nightvision 5 » de Douglas Winter où l’on retrouvait comme auteurs invités Stephen King et Dan Simmons.

L’ouvrage qui vient d’être réédité chez ACTUSF était paru dans sa version française en 2012, dans une traduction de Annaïg Houesnard, chez le même éditeur, collection « Perles d’Epice » sous la direction de Jérôme Vincent. « J’ai Lu » l’avait édité en version poche en 2014. L’édition de décembre 2019 bénéficie d’une présentation « luxueuse » façon couverture molesquinée. Illustration de Andrew Brase. Coût 20 €.

Revenons aux prémices de notre histoire : elle met en scène 2 personnages diamétralement opposés quant à leur caractère. Randi Wade est détective privée, abandonné par son mari ; Willie Flambeaux est recouvreur de dettes. 2 sales jobs en somme.

Willie « le libidineux » vient la solliciter afin qu’elle mène une enquête sur les circonstances exactes du meurtre sordide d’une jeune femme handicapée, amie de Willie. Randy profite de la notoriété ancienne de son père, policier tué dans l’exercice de sa profession de manière violente et étrange au cours d’une enquête sur des cas de disparitions d’enfants. Ce qui ressemble à un meurtre n’a jamais été résolu. La jeune femme va avoir accès au dossier du médecin légiste qui décrit un meurtre horrible...

Dans cette petite bourgade jadis prospère, aujourd’hui un peu misérable, décrépite, subsistent 2 niveaux. Dans la partie haute, accessible seulement par un funiculaire, vivent quelques anciens notables. Dans l’autre partie, le reste de la population essaie de survivre après les fermetures des industries.

Randi est informée d’un deuxième meurtre ; invitée à se rendre sur le lieu du meurtre, elle va être confrontée à l’horreur. Cet autre cadavre a été horriblement mutilée, enchaîné au lit. Je cite « …La bouche de la femme était grande ouverte, ronde, béant dans un cri silencieux. Il avait découpé ses lèvres avec sa peau, et l’intérieur de sa bouche était tout aussi rouge que l’extérieur Son visage avait disparu ; il n’en restait rien, excepté un entrelacs humide de muscles et, ici ou là, le pâle reflet de l’os, mais il lui avait laissé les yeux… ». Troublant est le fait que l’écorchée vive présente des traces de brûlures bien nettes aux poignets et aux chevilles.

Pendant ce temps, Willie qui a rendu visite à un magnat de la ville haute, est attaqué dans son appartement qu’il venait de rejoindre, par une entité indéfinissable. C’est nu qu’il se présente chez Randi. Les soupçons de la jeune femme, rapport à un étrange message reçu, l’amènent à découvrir la véritable nature de Willie, il est un loup-garou ! Et dans la ville rôdent de très nombreuses créatures identiques.

Pourtant ils vont faire équipe pour découvrir la véritable identité du tueur de jeunes femmes et résoudre une enquête vieille de plusieurs années. Alors que Willie décide de fuir vers le Canada, il lui laisse un curieux objet qui cache un mystère….

Roman ou novella haletant, le lecteur est fasciné par cette mise en scène littéraire d’un mythe, « Polar noir et loups-garous ». Il évolue entre sourire et horreur. On sent un auteur qui s’amure à faire peur avec des détails sordides. C’est une œuvre urbaine avec en toile de fond une ville qui n’a pas été épargnée par la crise économique. A l’image de ses habitants figés dans un passé sordide. Très agréable lecture d’un soir au coin du feu alors que soufflent le vent et la pluie.

Jetez un oeil à une analyse sur le site NoosSFère due à la plume de Bruno Para…

A signaler l’adaptation en comics, 4 fascicules. Scénarisé et adapté par Daniel Abraham, dessiné par Mike Wolfer. Chez AVATAR PRESS, en 2013. Jamais édité en France à ma connaissance !



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