Les textes
parlant de fin du monde n’encouragent guère à l’optimisme : morts-vivants,
catastrophes climatiques, bombes atomiques et j’en passe ! Mais la
disparition de la fécondité est une possibilité guère envisagée (relisez « La
Servante écarlate » de Margaret ATWOOD par exemple).
C’est
pourtant à partir de ce postulat que s’articule le roman de C.A. FLETCHER, « Un
gars et son chien à la fin du monde » qui vient de paraître chez J’AI LU.
Enfin ce n’est pas la fin du monde mais bien la disparition des êtres humains !
De 7
milliards, il n’en reste pas plus de 7 000 dans un siècle. Au nord de l’Ecosse,
un ilot abrite GRIZ, personnage principal de notre histoire, sa famille,
quelques moutons et ses chiens. Une vie rude, simple mais qui satisfait tout un
chacun. Même si des drames ont pu se produire, notamment la perte d’une sœur de
Griz. Parfois son père l’emmène en cabotage sur des îles proches mais vidées de
leurs habitants, pour récupérer du matériel utile à leur survie.
Quand
débarque ce « colporteur » de Brand, on parle, on échange des
nouvelles de l’ailleurs, on troque. Mais le bonhomme se double d’une fripouille ;
il a repéré les chiens et notamment la chienne, Jess.
Au matin,
elle a disparu et Brand avec elle. Sourde colère de Griz : « Peut-être que chacun se fait
justice, mais si me voles mon chien, attends-toi pour le moins à ce que je te
pourchasse... » - Extrait
La traque
va mener Griz à bord de son voilier, avec son dernier chien Jip, toujours plus
loin vers des terres à l’Est. Sur les traces du voilier de Brand. Toutefois, un
hasard va permettre à Griz de mettre la main sur une carte ancienne où figurent
des indices prouvant une route maritime vers un hypothétique lieu où se
trouveraient encore une « ville » habitée.
Seul, Griz
entame avec énergie une traversée périlleuse de larges territoires hostiles.
Nulle âme qui vive, encore que….
Le récit est
rapporté sur une carnet, une sorte de journal quotidien où sont notés les
évènements, petits et grands, du périple. Avec naïveté dans les compte-rendu et
ténacité. Sous l’œil d’un témoin improbable : un garçon sur une photo
ancienne. Griz en fait son confident, l’interrogeant sur son passé, notre
présent. Comparant le monde d’hier et celui d’aujourd’hui.
La progression
devient de jour en jour difficile, la nature a repris pleinement ses droits.
Des forêts à perte de vue. Les arbres ont envahi ce qu’étaient nos villes, nos maisons,
nos voies de communication… Subsistent quelques animaux, en guise de source de
nourriture comme les lapins ; d’autres dangereux, comme les sangliers,
monstrueux. « J’entends souffler et
grogner avant de voir les petits yeux et les grosses défenses se tourner vers
moi dans le sous-bois.... Je n’imaginais pas qu’un sanglier puisse atteindre
une telle taille. Moins massif qu’un taureau, mais aussi robuste et musclé. Flippant.
J’ignore ce que tu aurais fait si tu avais croisé un sanglier géant… à ton
époque… ». Extrait
Une
odyssée, que dis-je une épopée, un voyage initiatique aussi d’une adolescence
vers l’âge adulte… ainsi peut-on définir le roman de C.A. FLETCHER, son premier
pour adulte, après la saga londonienne « STONEHEART ».
A travers
la ténacité, l'entêtement ou la volonté inébranlable de Griz, le lecteur est happé par les
rebondissements d’un road-movie de la fin des temps. Jusqu’au bout des 352
pages. Un roman à conseiller aux young adult jusqu’à un lectorat adulte qui ne
devraient pas bouder son plaisir. Je n’en dirai pas plus car en exergue figure
un texte que certains chroniqueurs n'ont pas dû lire.
« A propos des spoilers. Les autres lecteurs
– sans parler de l’auteur de ces lignes – apprécieraient que les découvertes
effectuées au fil du voyage de Griz dans les ruines de notre monde restent un
petit secret entre nous… » C.A.F.
De C.A. FLETCHER
« Un gars et son chien à la fin du monde »
Traduction
(savoureuse) de Pierre-Paul DURASTANTI
Collection Nouveaux
Millénaires chez J’AI LU
21€
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