jeudi 6 mai 2021

AU CARREFOUR DES ETOILES, LE CLASSIQUE DE CLIFFORD D. SIMAK DANS MES CHRONIQUES D'ARRAKIS

 


AU CARREFOUR DES TOILES

(WAY STATION – 1963/prix HUGO 1964)

Auteur: Clifford D. SIMAK


Editeur : J’AI LU        Collection NOUVEAUX MILLENAIRES 

Traduction nouvelle de Pierre-Paul DURASTANTI

Illustration de couverture : AkuMimpi

Sortie : Avril 2021

Prix : 19 €

 

« …Ce que j'en vois défiler, des gens,
Du matin au soir dans la gare,
Où se qu'on dit qu'ils sont si bizarre:.. »

Extrait d’un poème de Camille FRANÇOIS « Fredo le Porteur »

 



                          Un vieux lecteur d’Imaginaire comme moi ne peut que se féliciter de retrouver des auteurs de l’âge d’or de la SF américaine : VANCE, VOGT, BRADBURY, HERBERT ou ANDERSON ! Aujourd’hui, je tiens entre mes mains le roman de Clifford D. SIMAK, auteur du classique « Demain les chiens » (que vous pouvez retrouver chez J'AI LU), entre autres. D'ailleurs, merci à cette maison d'édition pour m'avoir envoyé un exemplaire de cette nouvelle édition !

Courte biographie :

 « Clifford Donald Simak, fils d'un immigré tchèque, passe son enfance dans la ferme de son père.

Après ses études à l'Université du Wisconsin-Madison, il commence à travailler comme instituteur, toujours dans le Wisconsin. Il se marie avec Agnes Kuchenberg le 13 avril 1929 avec qui il aura deux enfants. Pour améliorer l'ordinaire de sa famille, il collabore à plusieurs journaux locaux et il envoie, en 1931, sa première nouvelle de science-fiction "Cubes of Ganymede", à "Amazing Stories"…La suite

 

La réédition de « Au Carrefour des Etoiles » s’accompagne d’une nouvelle traduction de Pierre-Paul DURASTANTI, après celle de Michel DEUTSCH. Le roman était sorti en France en 1964, en 2 parties dans la revue GALAXIE ; et réunies d’abord chez ALBIN MICHEL en 1968. Réédition chez J’AI LU en poche en 1970.

 Résumé :

« Au sommet d’une falaise escarpée du Wisconsin se dresse la ferme Wallace, inchangée depuis plus d’un siècle. D’aussi loin qu’on s’en souvienne, son propriétaire, Enoch Wallace, n’a lui non plus pas pris une ride. Et pour cause, la bâtisse, qui n’a de ferme que l’aspect, abrite en secret un relais spatial où le temps s’écoule différemment. Des voyageurs galactiques y transitent quotidiennement, passant parfois quelques heures en compagnie du gardien des lieux et le régalant de leurs incroyables histoires. Mais depuis deux ans, l’agent fédéral Claude Lewis enquête sur cette anomalie. Le jour où il se décide à passer à l’action, il déclenche sans le savoir une chaîne d’événements aux conséquences dramatiques. Car dans ce petit coin d’Amérique oublié par la modernité, c’est rien de moins que le sort de l’humanité qui se joue… »

 Ce qui frappe le lecteur dans cette nouvelle traduction c’est « la fraîcheur et la jeunesse » du texte, malgré son grand âge. Ecrit au moment de la Guerre Froide, on ressent un certain pessimisme, une angoisse de nouvelle guerre mondiale dans l’attitude d’Enoch Wallace, ancien soldat confédéré, traumatisé lors d’un épisode sanglant de la Guerre de Sécession.

 Comment est-il devenu le gardien de ce sanctuaire singulier ? Le hasard d’une rencontre d’un personnage énigmatique qui lui propose d’accueillir des voyageurs galactiques en transit dans la maison héritée de ses parents. A charge pour lui de les accueillir au mieux et d’assurer leur nouveau transfert vers leurs lieux de destination finale.

 En échange sa demeure, réaménagée en nouvelles technologies sophistiquées (bien avant le fameux télé transporteur de Star Trek-1966) et lui-même ne vieilliront plus Ainsi commence la nouvelle vie d’Enoch. Et cela depuis un siècle ! Il en a vu des gens bizarres venus d’une myriade de planètes à travers les galaxie, dont il note scrupuleusement les descriptions des races, leurs mœurs et coutumes, la langue, les écritures, et les cadeaux remis lors des escales.

 Toutefois, un homme qui ne semble pas vieillir, cela interroge, notamment l’agent gouvernemental Claude Lewis. Qui va mener son enquête en toute discrétion.

 Enoch n’a qu’un « moment de liberté », c’est lorsqu’il reçoit la visite de son ami, le facteur, Winslowe Grant. Outre quelques courses, il lui apporte une quantité impressionnante de revues de vulgarisation scientifique, des journaux auxquels Enoch est abonné depuis parfois très longtemps. Ainsi il peut suivre l’évolution de notre monde. Et il y a Lucy, la fille d’un des voisins ; la jeune Lucy, sourde et muette, mais aussi si énigmatique.

Cette vie bien réglée, va vaciller lors d’une initiative de Lewis. La quiétude du lieu et d’Enoch va se fissurer et pourrait bien changer notre monde…

Le roman met l’accent sur un art de vivre désuet certes mais rassurant. Proche de la nature et des gens ; souvenirs d’enfance de SIMAK ? On se retrouve presque dans une peinture de Norman ROCKWELL.


                     Le texte est une ode à un certain art de vivre qui tend à disparaître en ce début des années 1960. Même l’extraordinaire machine à voyager dans l’espace ne peut modifier l’ordre des choses. SIMAK a figé la maison et ses alentours dans une atmosphère bucolique. Une Amérique loin des villes. Enoch est un survivant bienveillant.

FRAICHEUR, vous dis-je avec cette nouvelle traduction de Pierre-Paul DURASTANTI ! Lui qui écrivait en son temps :

«Au carrefour des étoiles est un véritable chef d'œuvre, un roman qui transcende les limites du genre auquel il ressortit. Si l'on ne doit lire qu'un seul Simak (mais pourquoi ?), ce doit être celui-ci. Parce qu'il résume et englobe toute l'œuvre, jusque dans son ambiguïté, jusque dans sa douce amertume : à la fin, quand tout est résolu, l'auteur ne peut se contenter d'un banal happy end, si bien que le lecteur, gorgé de soleil automnal, referme le livre secoué par un de ces frissons qui annoncent la froidure de l'hiver.

     Tout l'art de Simak, tout son équilibre et toutes ses nuances résident dans le paradoxe de ce frisson sous le soleil. »

Première parution : 1/4/2001
dans Bifrost 22
 

Extrait : 

« …  La terre absorba sa nausée et la paix tomba sur lui – la paix des arbres, la paix de l’humus, la paix du silence de la nuit. Comme si le ciel, les étoiles, l’espace même se penchaient sur lui pour affirmer, dans un murmure, son harmonie avec eux. L’espace d’un instant, il lui sembla qu’il effleurait une vérité cruciale  qui lui apportait un réconfort et une grandeur dont il n’avait jamais connu l’équivalent… »

 

Et il y a Lucy !!! « Essaie de trouver la fille aux yeux pleins de soleil ».

Extrait de la chanson des Beatles « Lucy in the sky with diamonds » (1967)






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