UBIK – (1969)
Auteur : Philip K. DICK
Traduction
nouvelle : Hélène COLLON
Editeur :
J’AI LU Collection NOUVEAUX MILLENAIRES
Sortie :
Février 2022
Prix :
18.00 €
247 pages
Quelques délires graphiques autour du roman UBIK |
Résumé 4ème
de couverture :
« La
florissante agence anti-psi Runciter & Associés protège ses
clients contre toute intrusion psychique. Mais lors d’une mission sur Luna, ses
meilleurs éléments sont victimes d’un attentat à la bombe orchestré par une
agence rivale. Glen Runciter est aussitôt placé en semi-vie. Rapidement, Joe Chip
et les autres survivants sont témoins de phénomènes étranges : le visage
de leur patron apparaît sur les billets de banque, les cigarettes n’ont plus
aucun goût, la technologie semble régresser. Et un produit nommé Ubik, qui
possède de curieuses propriétés, surgit aux moments les plus opportuns...»
J’ai souvenir de l’édition
en poche (déjà chez J'AI LU) de l’époque avec son illustration de SIUDMAK ; me demandant le
rapport du crâne et de la pluie avec le texte de DICK.
Je soupçonnais vaguement
un auteur en plein délire d’écriture. J’étais loin d’imaginer la réalité
créatrice du roman devenu depuis lors un classique de la littérature de l’Imaginaire.
Oh ! Moi, lecteur naïf, il était donc possible d’écrire sous l’emprise de
substances hallucinogène. Et d’écrire sur une machine à écrire un bouquin qui
défie les codes de lecture. Qui cache, derrière les mots, une autre réalité.
DICK m’avait donc bien « couilloné » depuis le début. J’aurai dû lire
la 4ème de couverture de l’édition originale en français chez Robert
Laffont
« Ils serraient de près les hommes de
Hollis.
Pour les
neutraliser. Et puis les choses se gâtèrent.
Ce voyage sur
la Lune était une erreur.
L'admission de
Pat Conley dans le groupe de neutralisation était une autre erreur.
Personne ne
connaissait l'étendue de ses pouvoirs : elle pouvait manipuler le temps.
Et quand les objets
se mirent à régresser dans le temps, Joe Chip se dit qu'ils avaient commis une
erreur de trop. Le temps s'en allait en lambeaux.
Une bouffée de
1939 dérivait en 1992.
Ou
était-ce l'inverse ?
Je cite Emmanuel
CARRERE dans « Je suis vivant et vous êtes morts » (phrase empruntée au
texte de UBIK) : « … Mus par cette routine suborticale et par
quelques pilules de speed... ». Moi qui recherchait une once de logique
dans cette histoire, j’étais entré en plein trip sans m’en rendre compte. J’aurai
bien eu besoin d’une dose de UBIK, en bombe aérosol, pour recoller à la
réalité. Qui d’ailleurs est-elle vraiment réelle. Quand je lis
« Saute dans la
cuvette sans remords
Je suis vivant et
vous êtes morts »,
je me pose la question, maintenant, de ces
gens que je croise et que je ne reverrai plus, sont-ils réels ?
Laurent Queyssy, dans son texte figurant dans la revue BIFROST, se posait sans doute la
question ! «Tous les univers de la science-fiction
sont dans Ubik.
Des
nouvelles inédites du monde entier, une partie rédactionnelle sérieuse et
rigoureuse, des infos sur toutes les conventions et les critiques de toutes les
nouveautés.
Fongus
de Ganymède et autres Bleeks martiens, Ubik est la revue qu'il vous faut.
Sans
danger pour la santé mentale si lu dans le bon sens.
En
1966, Dick rédige Death of an Anti-Watcher (« Mort d'un
anti-guetteur »), qui paraîtra en 1969 sous le titre d'Ubik. C'est
la France qui, comme souvent, accueillera avec le plus d'enthousiasme le roman
lors de sa parution en 1970 chez Laffont (les fameuses couvertures argentées).
« Texte phare », « chef-d'œuvre », les qualificatifs ne
manquent pas à propos de ce livre qui termine fréquemment numéro 1 lors des
référendums demandant aux lecteurs leur roman de S-F préféré.
Imaginez
maintenant la surprise d'un adolescent de 14 ans, dans les années 90,
découvrant un roman que tous considèrent comme une œuvre majeure du genre qu'il
affectionne. Il a lu et entendu tellement de bien à son propos qu'il ne peut
qu'être déçu ; c'est inévitable.
Et
pourtant...
Dès
le départ, il se montre intéressé par le problème de Glen Runciter. Il trouve
fascinant le concept de semi-vie permettant à Ella, la défunte femme de
Runciter, de communiquer avec le monde extérieur. L'idée de groupes de
télépathes se combattant, bien que peu originale, lui paraît intéressante. Et
puis, il y a Joe Chip, le prototype du personnage insignifiant qui travaille
dans l'équipe de Runciter et qui lutte sans cesse contre ses appareils ménagers
et contre sa porte qui ne veut jamais s'ouvrir. Les leitmotive dickiens sont
là, avec le changement de réalité qu'opéré le pouvoir psy de Pat Conley le
conapt et Jory l'enfant en semi-vie qui perturbe les communications du Moratorium
où se trouve Ella. Bref, l'exposition est drôle, bizarre et ne déçoit pas
l'adolescent.
Tout
va vraiment débuter avec l'arrivée sur la Lune de l'équipe de Runciter, dont la
mission est de contrer le groupe concurrent, celui de Ray Hollis. Mais
l'affrontement tant attendu par le jeune homme n'aura pas lieu. Le combat de
pouvoirs psi avorte (en même temps que l'intrigue échafaudée par Dick) avec
l'explosion d'une bombe qui tue Glen Runciter et oblige son équipe à le
rapatrier sur Terre et plus précisément dans le Moratorium, aux cotés de sa
femme. C'est à ce moment là que le jeune lecteur commence à comprendre le
pouvoir de fascination qu'exerce le livre qu'il est en train de lire. Il n'a
jamais été confronté à cela auparavant et il n'est pas au bout de ses
surprises. Tous les personnages vont devoir maintenant lutter contre l'entropie
(autre leitmotiv dickien), adversaire qui réduit certains d'entre eux, au sens
propre, en cendres. Le roman n'est plus qu'une course contre la montre dans laquelle
les protagonistes essayent de sauver leur peau alors que leur environnement
régresse.
C'est
sous forme de graffiti qu'une partie de la vérité va apparaître à Joe Chip et
que l'adolescent va enfin rallier le camp de ceux qui ont lu le livre et qui
hurlent à qui veut l'entendre qu'Ubik est un chef-d'œuvre !
Le
retournement de situation paraît, avec le recul, être une ficelle maintes fois
utilisée, et pourtant... Le roman est tellement passionnant que Dick manipule
son lecteur du début à la fin avec une rare maestria. Le choc de la première
lecture passée, l'adolescent se replonge dans le texte en se disant qu'après
tout, il n'y a qu'un peu d'esbroufe, de poudre aux yeux dont l'auteur se sert
pour faire monter la sauce. Encore une fois, il doit se rendre à
l'évidence, Ubik est beaucoup plus complexe qu'il n'en a
l'air. Les coups de théâtre ne sont pas là pour masquer un manque de fond mais
participent, au contraire, à l'opacité, au malaise dont sont pris les
protagonistes et, par ricochet, le lecteur. La bouée de sauvetage qu'est
l'entité Ubik n'a que peu (on pourrait en discuter longtemps)
de connotations religieuses et reste un des concepts les plus fascinants créé
par Dick, tout au moins dans la forme qu'elle revêt. La construction narrative non
linéaire est un essai transformé par un auteur en quête de renouvellement. Pour
autant et en cherchant bien, le texte n'est pas exempt de certains défauts dus
à des tics d'écriture dickiens que viennent combler et ensevelir la puissance
dévastatrice et novatrice des idées de l'auteur.
Mais
l'adolescent de 14 ans, quant à lui, lit ou relit toujours des livres de Dick
et reste convaincu que plus jamais il n'aura un choc comparable à celui qu'il a
eu à la découverte d'Ubik. Il continue pourtant de rêver...
Ah,
au fait... l'adolescent n'est pas celui que vous croyez : je suis lecteur
et vous êtes critiques ! »
« Au réveil, Philip K. s'aperçut que,
d'humain symétrique, bilatéral et pas trop vilain d'aspect, il s'était
métamorphosé pendant la nuit en... corps planétaire arrondi orbitant autour
d'une étoile rouge gigantesque et translucide. En fait, par simple
auto-perception, par l'aura globale projetée dans les graines de sa conscience,
Philip K. conclut qu'il était devenu une tomate. Une tomate comparable, en
dimension et en masse, à la planète Mars. »
Tout ce que vous avez toujours voulu
savoir sur la plus fascinante des œuvres de S-F dans un dossier exceptionnel.
Car s'il est, en matière de science-Fiction, une œuvre à clés, c'est bien celle
de Philip K. Dick. Entrez dans l'univers du créateur de Blade Runner avec un
guide de lecture, quatre études poussées, deux interviews, et trois nouvelles
d'écrivains qui, chacun à leur façon, cocasse ou terrifiante, rendent hommage à
l'une des plus grandes figures littéraires du XXe siècle."
Dans la présente
édition de UBIK, Queyssy signe d’ailleurs une très intéressante postface.
N’oublions pas la traductrice, Hélène COLLON qui propose un texte « rafraîchi » par rapport à celui du traducteur d’origine, Alain DOREMIEUX. Quand même pas des moindres !
Couverture de l'édition FRANCE LOISIRS |
Et alors, lecteur de
ma Chronique, de quoi parle UBIK vraiment. De cryogénisation (DICK avait été
intéressé par le cas de Walt Disney plongé dans un caisson cryogénique) et par
des êtres aux pouvoirs extra sensoriels ? Et puis DICK évoque « les mondes
illusoires de l’esprit.
.. Ceux de presque morts réveillés de temps en temps lorsque des parents viennent leur rendre visite. Mais les esprits commencent à s’unir pour former leur propre monde qui semble parfois plus authentique que la réalité extérieure… » (à lire dans le chapitre L’ESPACE INTERIEUR dans les thèmes de la S.F. extrait de L’ENCYCLOPEDIE VISUELLE DE LA SCIENCE-FICTION).
Oubliez l’avenir de 1992 vu depuis l’année 1969 avec une conquête spatiale vers la Lune et Mars. Oubliez ces curieux glissements du temps, les pouvoirs psy … L’anti héros, Joe Chip, voit sa raison lui échapper peu à peu avec des incursions anachroniques et des messages de son employeur Runciter ainsi que des apparitions d’un mystérieux produit, UBIK !
Une plongée à la
limite de la schizophrénie qui pourrait en dérouter plus d’un ! Mais vu
avec la patte d’un très grand auteur, Philip
K. DICK.
« … Par les trous soudains visibles du décor se
glissaient les messages d'Ubik.
Ubik
est partout. Dans ce monde et dans l'autre.
Mais qui est Ubik ? »
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